2020 restera probablement comme une année exceptionnelle, et pas seulement en raison du contexte sanitaire particulier dans lequel la profession est plongée depuis un an. Elle a aussi confirmé les grandes tendances structurantes de l’officine. Sur le plan économique, face à une chute sans précédent du nombre de consultations médicales (- 5 % par rapport à 2019), celle-ci a fait preuve d’une réelle résilience. Car le cœur de son activité a été particulièrement touché, avec une baisse de 3 % des ventes générées par les prescriptions issues de la médecine de ville, heureusement compensée par la dynamique des prescriptions hospitalières. Malgré l’atonie du marché pharmaceutique et la baisse de fréquentation des officines, la rémunération des pharmaciens a sensiblement progressé, la marge sur le remboursable ayant augmenté de près de 5 %, à 5,4 Md€ (source IQVIA). Une évolution qui confirme la pertinence du basculement de la rémunération réglementée vers les honoraires de dispensation.
L’année 2020 a aussi jeté un éclairage particulier sur les services pharmaceutiques. Si certains se développent activement (vaccination contre la grippe, tests antigéniques, livraison à domicile), d’autres peinent toujours à trouver leur place (entretiens pharmaceutiques et bilans de médication). La « pharmacie de services » est plus un concept qu’une réalité économique, les honoraires à l’acte représentant moins de 5 % du chiffre d’affaires réalisé par le circuit officinal. La faible implication des pharmaciens dans les « collectifs de soins » (CPTS, MSP et ESP) illustre bien cette problématique.
Autre fait marquant que la crise fait apparaître : le retard de la profession dans la transformation numérique de ses activités. Certes le premier confinement a accéléré le développement du scan d’ordonnance et la e-réservation, grâce à la mobilisation des groupements/enseignes et des fournisseurs de solutions clés en main. Mais cette accélération ne signifie pas que la profession prend résolument le virage du numérique : l’offre de services digitaux est inégalement proposée au sein des réseaux, rares sont ceux qui adoptent une stratégie réellement omnicanal, la téléconsultation ou le télésoin sont peu proposés et le développement du e-commerce reste marginal. Des retards que la crise sanitaire a rendu encore plus visibles.
Quelles perspectives à horizon 2025 ?
Dans ce nouvel environnement sanitaire et économique créé par la Covid-19, on peut identifier plusieurs pistes d’évolution ou lignes de force. La première concerne le domaine de la prévention que la pharmacie aurait intérêt à investir beaucoup plus massivement. L’officine devrait s’affirmer comme le lieu privilégié de la prévention avec la réalisation de tests de dépistage, l’élargissement du périmètre de la vaccination, la recommandation de solutions numériques promouvant l’exercice physique ou permettant d’optimiser le suivi des patients… Un domaine qui pourrait donc constituer le socle d’une approche résolument servicielle en ciblant prioritairement les patients chroniques ainsi que les sédentaires et âgées. La deuxième transformation à opérer concerne l’appropriation et le déploiement des usages numériques, face aux menaces de désintermédiation et à l’offensive des pure players du e-commerce, français et étrangers. Représentant d’ores et déjà près de 10 % en valeur des ventes de produits de santé (médicaments, compléments alimentaires, parapharmacie et cosmétiques), le canal online connaît une progression à deux chiffres. Une manne inexploitée par les pharmaciens qui s’installent dans une position d’outsider et ignorent les attentes des e-consommateurs. Ils disposent pourtant de nombreux atouts pour relever ce défi et trouver un juste équilibre entre e-commerce et services de proximité.
LA CRISE SANITAIRE, ACCELERATRICE DES TRANSFORMATIONS DE LA PHARMACIE D'OFFICINE
14 avril 2021
par
LES ECHOS ETUDES
Article publié dans le n° de mars 2021 de Profession Pharmacien.
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LES ECHOS ETUDES
14 avril 2021