Sur un marché en déclin, le groupement coopératif défend avec succès sa place de n° 1 de l’optique en France. Et s’engage dans une diversification de ses activités pour faire face aux mutations rapides du secteur.
Contrastant avec la morosité actuelle du marché, le bilan de l’exercice 2017 confirme la bonne dynamique des activités du groupe déclinées sous 3 enseignes distinctes (Krys, Vision Plus et Lynx Optique). Leurs ventes cumulées ont progressé de 1,3 % (contre -1,4 % pour l’ensemble du marché de l’optique) pour atteindre le cap du milliard d’euros, et le nombre de points de vente a continué à augmenter (+22 en France métropolitaine et +24 au niveau consolidé), à l’heure où le réseau des opticiens est en repli dans l’Hexagone. Le groupe revendique ainsi une part de marché de 14,6 % au niveau national, soit +0,5 point par rapport à 2016. Quant à la centrale d’achat Codir, son chiffre d’affaires a progressé de 8 % pour atteindre 116 M€ de chiffre d’affaires. De belles performances qui valident la stratégie d’intégration verticale du groupe, lequel a choisi d’internaliser un maximum d’activités afin de proposer des tarifs attractifs et revendiquer le « made in France ». En sa qualité de producteur-distributeur, Krys Group maîtrise le prix de revient de ses propres produits et leurs positionnements au sein de ses réseaux de distribution.
La diversification par l’audition et la télémédecine
Anticipant de fortes turbulences sur son cœur de métier (impacts incertains du RAC zéro, pressions croissantes sur les prix des montures et des verres, concentration des fournisseurs de lunettes…), le groupe déroule sa feuille de route stratégique présentée l’année dernière, laquelle repose notamment sur la diversification de ses activités. Premier axe : l’audition, marché complémentaire à celui de l’optique dont la croissance (+7,7 % en volume en 2017) est soutenue par des fondamentaux solides et un recours croissant à l’appareillage. Déjà présent sur ce marché à travers le réseau Krys Audition, le groupe entend favoriser l’installation de corners d’audioprothèses dans ses magasins afin de renforcer « la synergie optique/audition », pour reprendre l’expression de son directeur général, Jean-Pierre Champion.
Deuxième axe : celui de la télémédecine, nouvelle activité s’inscrivant dans le cadre des délégations de tâches prévues par les décrets des 12 octobre et 5 décembre 2016. Le groupe a récemment lancé à Strasbourg un nouveau service de télé-ophtalmologie, en partenariat avec la société MédecinDirect, précurseur en France du téléconseil médical et qui développe depuis quelques mois une nouvelle activité de téléconsultation. Ce service repose sur un protocole qui prévoit que les opticiens et les orthoptistes puissent réaliser certains examens de la vue et télétransmettent leurs résultats à des ophtalmologistes membres d’un réseau de télémédecine. Objectif de Krys Group : raccourir les délais de prise en charge et proposer une réponse efficace à la baisse continue du nombre de médecins ophtalmologistes. Une baisse qui devrait se confirmer dans les années à venir et qui aura pour conséquence un allongement des délais d’attente de consultations en ophtalmologie (lesquels sont déjà très longs puisqu’ils sont estimés par le cabinet Jalma à 3-4 mois en moyenne, 6 mois voire un an dans certains territoires). Le protocole mis en place avec MédecinDirect prévoit que la délivrance d’une correction adaptée se fasse dans un délai moyen de 15 jours. Il s’adresse aux porteurs de lunettes (ou lentilles) de correction déjà équipés, dont la vue a récemment évolué et qui ne sont pas encore allés chez leur ophtalmologiste pour avoir une nouvelle prescription. Pour Patrice Camacho, Directeur santé et réglementation de Krys Group, « ce protocole initie un cercle vertueux. Les porteurs de correction n’ont plus besoin d’attendre leur rendez-vous pour changer d’équipements et gagnent ainsi un temps précieux. Mécaniquement, les cabinets des ophtalmologistes sont désengorgés et s’ouvrent à l’accueil de nouveaux patients dans des délais devenus plus raisonnables. »
Ce service de télé-ophtalmologie devrait être progressivement déployé sur l’ensemble du territoire. Krys Group prend en charge l’intégralité de son coût pendant sa phase de lancement. Une fois démontré sa valeur ajoutée et son bon fonctionnement, il devra trouver des financements publics et/ou privés en faisant appel à l’Assurance-maladie, aux complémentaires santé et éventuellement aux patients eux-mêmes.
KRYS GROUP CONSOLIDE SON LEADERSHIP SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE ET SE LANCE DANS LA TELEMEDECINE
18 avril 2018
par
LES ECHOS ETUDES
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18 avril 2018