Crédit photo : VOLTAÏCA
Comment est née l’aventure Voltaïca ?
Christian Giudicelli : je suis ingénieur aérospatial de formation. J’ai travaillé 7 ans chez Airbus, mais j’ai toujours voulu me lancer dans l’entrepreneuriat. Après avoir étudié plusieurs marchés, j’ai identifié de vraies opportunités dans le photovoltaïque. J’ai alors fondé Voltaïca en 2008. Mon frère m’a rejoint assez vite dans l’aventure, en 2010.
Le succès a-t-il tout de suite été au rendez-vous ?
C. G. : oui, les débuts ont même été assez euphoriques. Nous avons très vite gagné de l’argent… mais nous l’avons aussi très vite perdu. À la suite d’une mauvaise rencontre, nous avons été victimes d’escroquerie. En parallèle, la filière a subi le moratoire sur le photovoltaïque intervenu en 2010. Nous avons alors décidé de mettre l’activité solaire sur pause. Pour nous redresser, nous avons fondé le groupe Victoria Corp, rebaptisé Groupe Giudicelli par la suite. Nous avons investi dans d’autres domaines que le photovoltaïque comme la location de conteneurs maritimes. Mais quelques années plus tard, nous sommes revenus à notre première idée. Et en 2018, nous avons relancé les activités de Voltaïca.
Où en est Voltaïca aujourd’hui, 4 ans après sa renaissance ?
C. G. : depuis 2018, nous connaissons une croissance exponentielle. De 375 000 € la première année, notre chiffre d’affaires est passé à 1 M€ l’année suivante, puis 3 M€, 8 M€ et 20 M€ en 2022 ! En 2023, nous devrions atterrir entre 21 et 22 M€. Après cette folle croissance, nous avons eu besoin de marquer une pause, afin de consolider l’existant.
Quel est votre métier ?
C. G. : nous développons des centrales solaires clé en main sur toiture. Il s’agit de toits de grande superficie, au moins 800 m², appartenant à des agriculteurs, des industriels ou des commerçants. Nous recherchons les opportunités foncières, puis nous gérons tout le développement du projet jusqu’à sa concrétisation. Depuis peu, nous développons également l’implantation de panneaux photovoltaïques sur ombrières pour les parkings. La réglementation les impose désormais pour les parcs de stationnement extérieurs de plus de 1 500 m², obligation encore peu mise en œuvre. Nous avons un boulevard devant nous !
Comment se répartissent vos projets au global ?
C. G. : nous comptabilisons 650 projets à ce jour, à tous les stades de développement. En 2023, cela a représenté 60 MWc de projets en développement. Il faut savoir qu’une centrale photovoltaïque sur toiture représente une puissance installée de 250 kWc environ. Nous sommes loin des centrales photovoltaïques au sol, mais nos projets sont beaucoup plus rapides à développer. Dans 80 % des cas, nous agissons pour le compte de tiers investisseurs. Pour le reste, ce sont les propriétaires des toitures eux-mêmes qui investissent.
Comment expliquez-vous ce boom si rapide de vos activités ?
C. G. : il est tout d’abord le fruit de notre travail. Toutes les sociétés présentes dans le photovoltaïque ne connaissent pas une croissance aussi fulgurante. Mais c’est aussi un marché très dynamique, aidé par les incitations de l’État. Notre société consomme de plus en plus d’électricité avec l’essor, par exemple, de la mobilité électrique. Et en même temps, il y a un enjeu de décarbonation de notre production d’électricité et aussi de souveraineté énergétique, surtout depuis la guerre en Ukraine. Ce contexte est très porteur pour nos activités.
Vous êtes présent sur toute la France ?
C. G. : notre siège social est en Corse, à Bastia. Nous disposons également d’agences à Nice, où réside le pôle financier du groupe, et à Toulouse où est implanté le pôle technique. Mais nous développons des projets sur l’ensemble du territoire. Historiquement, le photovoltaïque s’est surtout développé dans la moitié du sud de la France, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Quels sont vos principaux enjeux sur un marché porteur comme celui-ci ?
C. G. : trouver des installateurs de qualité, c’est vraiment ce qu’il y a de plus difficile dans notre métier. Nous intervenons comme contractant général, mais nous faisons appel à des sociétés pour l’installation des panneaux photovoltaïques. Nous menons, d’ailleurs, une réflexion sur ce sujet. On se dit qu’il serait peut-être opportun de constituer nos propres équipes d’installateurs. Nous avons aussi la volonté de couvrir tout l’éventail de la chaîne de valeur. Notre groupe vient, par exemple, d’intégrer une société de charpentes métalliques, Steelgo.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Steelgo ?
C. G. : Steelgo est une société spécialisée dans la conception, la réalisation et la pose de structures métalliques, implantée en Vendée. Elle a réalisé 12 M€ de chiffre d’affaires en 2023, mais son activité devrait exploser en s’appuyant sur les opportunités offertes par Voltaïca. Il y a, en effet, de très fortes synergies avec nos activités de développeurs de centrales photovoltaïques puisque 60 % à 70 % de nos projets correspondent à la construction de nouveaux bâtiments, alors que 40 % à 30 % impactent des toitures déjà existantes. En associant nos savoir-faire, nous allons pouvoir maîtriser l’ensemble de la chaîne.
Quels sont vos projets à l’avenir ?
C. G. : nous avons beaucoup d’ambition même si nous avançons de manière prudente et raisonnée. Mais notre objectif est clairement de devenir l’un des principaux acteurs du marché ! Nous sommes en train de faire nos premiers pas à l’international, avec l’ouverture d’une filiale en Italie au 1er semestre 2024. Nous comptons également doubler nos effectifs en 2024 pour accompagner notre croissance. À plus long terme, nous réfléchissons à introduire Voltaïca en bourse, mais ce n’est pas encore d’actualité…
Fiche d’identité
Dénomination : Voltaïca
Activité : développement de centrales photovoltaïques sur toiture
Création : 2008
Effectif : 34 personnes
Web : https://voltaica.fr
Copyright :
Les Echos Publishing