Vous vous êtes lancés dans l’aventure entrepreneuriale en 2018 en créant le premier Drive tout nu. Comment est née cette idée ?
Salomé Géraud : petit-fils de réfugiés espagnols, mon mari, Pierre Géraud, a appris dès son enfance à donner une seconde vie à toutes les ressources dont il disposait, y compris les déchets d’emballage. Rien n’était jeté, tout était réutilisé ! Plus tard, dans le cadre de ses études à l’École d’Ingénieurs Agricoles de Purpan, il a effectué de nombreux stages dans des pays en voie de développement au cours desquels il a été frappé par la quantité de déchets générés, puis jetés dans la nature. À son retour en France, il a souhaité agir en faveur d’une consommation zéro déchet. De mon côté, je viens d’une famille où la réduction et la réutilisation des déchets n’étaient pas forcément naturelles. Pour autant, j’ai toujours eu la volonté de consommer des produits respectueux de l’environnement et de la santé, en particulier des produits locaux et vendus en vrac. Notre envie commune était donc de simplifier l’accès à une consommation responsable. C’est de la croisée de nos parcours respectifs qu’est née l’idée de créer un Drive tout nu, c’est-à-dire zéro déchet.
En quoi votre concept se distingue-t-il d’un drive traditionnel ?
Pierre Géraud : nous sommes partis du constat que la consommation zéro déchet, donc en vrac, était encore peu développée en raison de sa complexité. En effet, elle nécessite souvent de se dépacer avec de nombreux contenants dans des points de vente où l’on ne trouve pas forcément tous les produits du quotidien. Nous avons donc simplifié au maximum l’expérience client en créant un drive qui propose tous les produits que l’on peut retrouver en grande surface : produits secs alimentaires, produits frais, cosmétiques, produits ménagers, accessoires de salle de bain et de cuisine, etc. Des produits qui, bien entendu, sont commercialisés sans aucun emballage jetable.
Concrètement, comment fonctionne un Drive tout nu ?
S. G. : tout est très simple ! Les clients font leurs courses sur notre site ledrivetoutnu.com et leur commande est prête sous une heure. Ils récupèrent (ou se font livrer) leurs produits dans des emballages que nous mettons à leur disposition, à savoir des bocaux et des sacs en tissu, et qu’ils ont la possibilité de rapporter lorsqu’ils reviennent. Et nous les incitons à le faire en leur offrant, sous la forme d’un bon d’achat, 10 centimes par contenant rapporté. Les emballages sont ensuite lavés et réutilisés afin que le processus soit entièrement circulaire.
Comment sélectionnez-vous les produits proposés à la vente ?
S. G. : les produits doivent répondre à trois critères. Tout d’abord, nous ne travaillons qu’avec des producteurs qui acceptent de nous fournir en vrac ou dans des contenants qu’ils récupèrent et réutilisent. Ensuite, nous nous attachons à proposer des produits locaux. Au moins 60 % de nos produits sont cultivés ou transformés à moins de 100 kilomètres de leur point de vente. Ce qui permet de limiter l’impact du transport et de favoriser l’économie locale. Enfin, les qualités gustative et nutritionnelle des produits (labellisés ou non) sont essentielles à nos yeux. C’est à ce niveau qu’intervient notre équipe d’ingénieurs agricoles qui se déplace sur les exploitations afin de s’assurer des conditions dans lesquelles les produits sont cultivés (techniques utilisées, bien-être animal, respect de l’environnement...).
Combien de Drive tout nu existe-t-il aujourd’hui ?
P. G. : nous avons créé 3 points de vente à Toulouse, entre décembre 2018 et mars 2021, auxquels se sont ajoutés deux drives franchisés, l’un à Lille et l’autre à Chambéry. Et nous avons récemment racheté l’enseigne Ze Drive à Bordeaux qui, elle, disposait de 2 points de vente. Avec l’intégration de ces 2 drives dans notre réseau, nous sommes à 7 points de vente.
Pourquoi avoir procédé à ce rachat ?
S. G. : l’enseigne Ze Drive a ouvert dans le sillon du Drive tout nu. C’est une réplique de notre concept ! En raison de difficultés financières, ses fondatrices nous ont contacté afin d’initier un rapprochement et nous avons officialisé le rachat de l’enseigne en juin dernier. Cette opération s’est faite tout naturellement car nous partagions les mêmes valeurs (la recherche de produits zéro déchet et locaux, notamment). Par ailleurs, il était pour nous stratégique d’étendre notre activité à Bordeaux où nous avions beaucoup de demandes.
Certains points de vente sont exploités en franchise. Pourquoi avoir recours à ce modèle économique ?
S. G. : la franchise nous a permis de nous développer rapidement sur certains territoires. En effet, nous avons pu nous appuyer sur des entrepreneurs très ancrés localement, ce qui constitue un gros avantage pour mettre en place des réseaux d’approvisionnement. Et bien entendu, la franchise a pour effet de « partager » le risque financier avec, notamment, un droit d’entrée fixé à 15 000 €. Toutefois, nous restons très vigilants dans la sélection des porteurs de projets. Outre l’adhésion à notre démarche, les candidats à la franchise doivent avoir l’esprit entrepreneurial, être autonomes et avoir conscience des contraintes liées au métier de commerçant.
Quels sont vos projets de développement ?
P. G. : nous avons clôturé notre deuxième levée de fonds il y a quelques semaines à hauteur de 5 M€. Notre objectif est de poursuivre le développement de l’enseigne et de nous étendre sur l’ensemble du territoire national. Pour ce faire, nous projetons d’ouvir, à partir de 2023, une dizaine de points de vente par an, principalement en franchise. Car il nous tient à cœur de permettre à chacun de consommer responsable en toute simplicité.
Fiche d’identité
Dénomination : Le Drive tout nu
Activité : drives zéro déchet et produits locaux en vrac
Création : 2018
Effectif : 34 personnes
Web : https://ledrivetoutnu.com