[INTERVIEW] DEVENIR LE CONCEPT STORE DE LA HEALTHY FOOD

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Comment a démarré l’aventure Dubble Food ?

Corinne Eon : Dubble Food est un projet commun avec mon époux qui a vu le jour il y a maintenant 17 ans. Nous avons alors basculé dans l’entrepreneuriat après une carrière dans la restauration collective pour mon époux et, de mon côté, un métier de packager de livres sur-mesure dans l’art de vivre pour différentes maisons d’édition. Notre idée de départ était de créer un concept qui réconcilie fast-food et alimentation healthy, en s’inspirant des bars à jus américains qui fleurissaient en Californie et à New York, mais en y ajoutant une offre solide basée sur les fruits et les légumes adaptée aux Français. À part Cojean à Paris, la restauration fast good était encore balbutiante en France en 2006. Au fil de notre déploiement, notre concept s’est révélé complètement en phase avec les mutations de la société.

Quels sont les fondamentaux de votre positionnement ?

C. E. : notre credo, c’est le naturel, le frais, le fait-maison. Nous travaillons à partir de produits bruts. Nous avons fait le choix de la fabrication sur place, contrairement à nos concurrents qui ont des cuisines centrales. L’offre végétarienne occupe une place centrale avec la moitié de l’offre, et ce depuis la création de l’enseigne. Nous nous adressons prioritairement aux flexitariens avec une offre de bowls où l’on utilise toutes sortes de céréales. Nous sommes positionnés sur la pause-déjeuner des actifs avec une ouverture 5 jours sur 7 de 8 h à 15 h.

Vous avez pris très tôt le virage de la franchise ?

C. E. : dès notre démarrage à Marseille, nous avions la volonté de monter un réseau. Cette aventure entrepreneuriale était déjà pour nous deux une deuxième vie professionnelle et nous voulions donc aller vite. À ce titre, pour dupliquer rapidement Dubble Food, nous nous sommes tournés logiquement vers la franchise, et ce dès 2009.

Quelle est la taille de votre parc aujourd’hui et où êtes-vous implantés ?

C. E. : notre parc compte actuellement 50 unités dont 7 succursales et 43 franchisés. Nous privilégions les emplacements dans les zones tertiaires, parfois en centre-ville avec la présence d’administrations. Nous sommes implantés dans toutes les grandes villes dans les quartiers de bureaux, hormis Paris en raison des loyers élevés, de la concurrence forte et de notre ticket moyen (12 € HT) que nous voulons maintenir à un niveau raisonnable.

Quelles difficultés avez-vous rencontré dans le développement de votre réseau ?

C. E. : nous avons dû mettre en suspens notre développement entre 2013 et 2016, à la suite d’une série de procès en 2012 intentée par 6 franchisés qui ont attaqué leur contrat. Cela arrive fréquemment dans les réseaux de franchise. Nous avons gagné tous les procès. Mais ce contre-temps juridique est arrivé tôt dans notre développement. Notre parc est, en effet, redescendu à l’époque de 15 à 9 unités. Par ailleurs, nous constatons également actuellement une petite accalmie avec un nombre de candidatures en baisse liée à la conjoncture marquée par la guerre en Ukraine, l’inflation et les problèmes de recrutement du secteur qui n’incitent pas à se lancer dans l’entrepreneuriat.

Renouvelez-vous régulièrement votre offre ?

C. E. : nous renouvelons notre carte 4 fois par an, ce qui est cohérent par rapport à nos recettes basées sur les fruits et légumes. Nous avons deux gros changements au printemps et à l’automne et deux saisons intermédiaires (été et hiver) avec un tiers de la carte modifié. Ces changements dans la carte à chaque saison sont générateurs de chiffre, les clients aimant bien la nouveauté.

Quel a été l’impact de l’inflation sur votre activité ?

C. E. : nous cuisinons à partir de produits bruts et fabriquons tout sur place. Nous avons, de fait, moins subi l’inflation des prix. Par ailleurs, notre cahier de recettes, dénommé le Dubble kitchen, que nous mettons à disposition de nos franchisés avec des indications de grammages, leur permet de tenir un coût matières. Concernant l’énergie, nous n’avons pas pu bénéficier du bouclier tarifaire pour les 7 succursales de la société. En revanche, nos franchisés ont pu bénéficier de cette mesure.

Comment faites-vous vivre votre concept ?

C. E. : nous voulons devenir le concept store de la healthy food. En mars, nous avons lancé un programme d’animation « Dubble Le Jeudi » dans tous les restaurants. Chaque jeudi, nous fixons un thème (la pâte de sésame, les shots de jus détox, les algues…) et nous délivrons des informations sur la nutrition et des recettes, nous organisons des dégustations sur place. À ce titre, nous avons donc préféré, en accord avec nos franchisés, consacrer le budget de communication payé par les franchisés à du contenu thématique sur la nutrition en magasin et sur notre site via un blog. En parallèle, nous sommes en test depuis le début d’année dans 3 magasins avec des corners d’épicerie pour proposer certains produits de nos fournisseurs : pâte de sésame d’Ümi, les céréales de Sa Majesté la Graine, les algues à saupoudrer de Neptune Elements… Nous croyons beaucoup à l’hybridation des concepts qui nous permet de nous différencier véritablement de nos concurrents (salad bars, poké bars…) aux yeux des consommateurs.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

C. E. : nous allons continuer à développer notre réseau, en misant sur cette évolution en concept store. Nous avons un objectif de 10 à 12 unités supplémentaires par an au cours des 3 prochaines années. Ensuite, nous allons penser, compte tenu de notre âge, à la transmission de l’entreprise…

Fiche d’identité
Dénomination : Dubble Food Developpement
Activité : restauration rapide healthy
Création : 2006
Parc : 50 restaurants dont 43 en franchise
Chiffre d’affaires 2022 : 12 M€ (vs 7,5 M€ en 2019)
Web : www.dubble-food.com

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