[INTERVIEW] À NOUS D'ETRE MEILLEURS QUE NOS CONCURRENTS !

Crédit photo :  THEVENON

Comment êtes-vous devenu gérant de Thevenon Transports ?

Sylvain Bonnet : je me suis passionné pour le transport exceptionnel dans le cadre de mon alternance, quand je travaillais chez un chargeur. J’ai ensuite travaillé chez un spécialiste, Groupe Cayon, pour apprendre et me perfectionner.

Le gérant de Thevenon Transports, que je connaissais depuis de nombreuses années, était le voisin de mes parents et m’a proposé de le rejoindre pour, à terme, racheter la société. Et c’est ce qu’il s’est passé. Il y a encore des gens de parole, et Gilbert Thevenon en fait partie.

J’ai donc rejoint Thevenon Transports en 2010 en tant que responsable d’exploitation. Je suis resté le bras droit de Gilbert Thevenon pendant 9 ans, jusqu’au 1er juillet 2019 quand j’ai repris 100 % des parts de la société et que j’en suis devenu le gérant.

Quelles sont les activités de l’entreprise ?

S. B. : notre principale activité est le transport exceptionnel, qui représente 45 % de notre chiffre d’affaires. Nous faisons du convoi exceptionnel dans toute la France et l’Europe, pour des pièces jusqu’à 45 mètres de long, 7,50 mètres de large, 6 mètres de haut et jusqu’à environ 70 tonnes. Mais il n’y a pas vraiment de dimensions limites tant qu’on trouve des itinéraires permettant de faire circuler nos véhicules. Pour cette activité, nous avons 20 camions et 5 tractionnaires permanents à l’année. L’une de nos forces, c’est la diversité de notre matériel : nous avons entre 65 et 70 remorques différentes qui nous permettent de répondre à énormément de problématiques pour les clients de l’énergie, du BTP, de l’industrie, du ferroviaire, de la métallurgie, de la chaudronnerie, du nucléaire, de l’agriculture ou encore du biogaz. Nos clients sont très diversifiés, le principal représentant 5 % de notre chiffre d’affaires.

Notre deuxième activité, qui représente 15 % de notre chiffre d’affaires, est le transport régional : nous avons 8 camions Thevenon et 2 tractionnaires. Les chauffeurs interviennent dans un rayon de 150 kilomètres autour de Lyon et Saint-Étienne. Nous faisons de la distribution de produits sidérurgiques, de pièces de chaudronnerie et de tous types de colis dans la région Rhône-Alpes.

Nous sommes également commissionnaire de transport ; cette activité de sous-traitance représente 30 % de notre chiffre d’affaires.

Enfin, les 10 % restant proviennent de notre activité de logistique.

Quelles sont les principales difficultés en convoi exceptionnel ?

S. B. : c’est tout le travail en amont sur les itinéraires car ceux-ci ne sont pas toujours répertoriés. Il faut beaucoup s’appuyer sur notre expérience, cumuler tous nos itinéraires en fonction des dimensions pour pouvoir répondre rapidement aux clients et être compétitifs. La deuxième difficulté, c’est d’obtenir les autorisations de convoi exceptionnel, cela peut être assez long. Pour l’international, nous avons un partenaire par pays qui nous permet d’appréhender chaque règlementation. Enfin, il faut mettre en place le convoi, l’effectuer sans encombre pour être sûr qu’il n’y ait pas de litige avec le chargeur ou le destinataire.

Quel est le niveau de concurrence sur vos marchés ?

S. B. : il y a de plus en plus de concurrence sur le convoi exceptionnel. C’était un marché de niche, mais de moins en moins. Il y a 2-3 leaders en France et ensuite beaucoup de PME de notre taille. 55 d’entre elles se sont regroupées au sein de France Plateaux, dont nous faisons aussi partie, pour s’entraider et récupérer des gros flux et être compétitifs par rapport aux grosses structures. Ce groupement est essentiel pour notre société. On est une vraie famille.Dans les autres activités, la concurrence est très présente, mais ça a toujours été le cas. À nous d’être meilleurs que nos concurrents. Nous nous distinguons par notre qualité de service, d’écoute et la qualité de notre matériel.

Rencontrez-vous des difficultés de recrutement ?

S. B. : nous avons la prétention de dire non aujourd’hui. L’entreprise a très peu de turn-over : elle a été créée en 1988, et le dernier salarié qui est rentré est seulement le 87e. Nous avons mis l’humain au cœur de notre stratégie. Nous considérons et écoutons chaque salarié, nous lui fournissons un matériel dernière génération et nous adaptons les missions en fonction des qualités de chacun de nos conducteurs. C’est important car le conducteur est notre premier commercial. Quand il est à l’aise dans sa mission, il est à l’aise avec le client, donc il n’y a pas de tensions. Ça se ressent dans la gestion de l’itinéraire et dans toutes les problématiques que nous allons rencontrer dans le cadre de ces convois. Nous mettons un énorme accent sur la formation. Par exemple, les conducteurs sont formés à l’arrimage. Et, en parallèle, nous adaptons les remorques quand nous les faisons fabriquer pour avoir un arrimage optimisé. C’est une force et c’est vraiment apprécié à la fois par nos conducteurs et nos clients.

Quels sont vos projets à court et moyen termes ?

S. B. : nous développons notre activité logistique, ce qui nous permet d’offrir des services supplémentaires à nos clients (stockage, déchargement/chargement, picking…) et ça permet aussi de sécuriser une partie de notre transport. L’objectif, c’est aussi de faire de la logistique lourde, mais pour cela il faut trouver des bâtiments avec des ponts roulants importants. Actuellement nous disposons de 6 500 m² de dépôts logistiques traditionnels et avons, depuis 3 mois, 1 500 m² de dépôts équipés de ponts roulants de 20 tonnes. La difficulté est que les sites et terrains sont à la fois très rares et très coûteux. Aujourd’hui, je pense que le développement de Thevenon Transports ne passera pas par le nombre de camions sur la route, mais plutôt par le développement de notre surface logistique.

Fiche d’identité

Dénomination : Thevenon Transports
Activités : transport exceptionnel, transport régional, logistique…
Chiffre d’affaires : environ 12 M€
Effectif : 38 personnes
Siège social : L’Horme (42)

Copyright : Les Echos Publishing

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