Quel a été votre parcours avant la création d’Hopium ?
Olivier Lombard : j’ai un parcours de sportif, plus précisément de pilote automobile. De manière très classique, j’ai commencé par le karting, puis j’ai évolué vers les monoplaces et rejoint la BMW Junior Team en 2009. Ensuite, je suis passé en endurance avec en point de mire les 24 heures du Mans. Une course que j’ai remporté en 2011, lors de ma première participation. Les années suivantes, j’ai continué à évoluer dans différentes catégories en sport automobile tout en intégrant, fin 2012, un programme de développement d’une voiture de course expérimentale alimentée par de l’hydrogène.
Connaissiez-vous ce type de technologie ?
O. L. : non, cela a été une véritable découverte. Je connaissais bien les véhicules thermiques, mais je n’avais aucune notion du fonctionnement et du comportement des voitures à hydrogène. Je n’en avais jamais essayé. Mon rôle, en tant que pilote d’essai, était de faire le lien entre ce qui se passait dans la voiture et les ingénieurs. Ça a été un véritable apprentissage. Même en termes de vocabulaire, tout avait changé. Les pistons et autres injecteurs avaient laissé la place à de l’hydrogène, des ampères et des volts. Jusqu’en 2020, j’ai participé avec cette équipe au développement de deux générations de voitures de course à hydrogène. C’est en 2019 que l’idée de créer Hopium, un constructeur de voitures haut de gamme à l’hydrogène s’est imposée.
Comment cette idée vous est-elle venue ?
O. L. : nous avons la fibre entrepreneuriale dans la famille. Ensuite, j’ai toujours eu le désir d’initier ce type de projet et je me suis trouvé face à une véritable opportunité que je devais saisir. Tout convergeait : l’hydrogène contrairement à l’électrique offrait une grande autonomie aux véhicules ; il n’existait pas de voitures haut de gamme à hydrogène sur le marché et enfin, je pouvais m’entourer des meilleurs spécialistes. Alors, pourquoi ne pas créer ce néo-constructeur capable de produire de belles voitures à hydrogène puissantes et endurantes ?
Comment êtes-vous passé de l’idée au projet ?
O. L. : j’avais une vision assez claire de ce que je voulais et de la direction que je devais prendre. Il me restait à assembler les différentes briques. La première d’entre elles était de dessiner notre voiture afin de pouvoir démarcher des partenaires. J’ai donc commencé à m’entourer d’un designer très compétent, Félix Godard, qui était sorti d’une grande école de design parisienne. Après, il a fallu se concentrer sur la partie technologique. Je connaissais déjà des ingénieurs très brillants, mais le défi consistait à les convaincre d’abandonner de très beaux postes dans de grandes sociétés pour me rejoindre sur ce projet où il restait tout à faire. Je savais que quoi que l’on entreprenne, il faut bien s’entourer. Et j’ai eu la chance extraordinaire de trouver toutes ces personnes qui, en croyant dans mon projet, m’ont permis d’apporter les premières pierres à l’édifice en 2019.
Comment fonctionne une voiture à l’hydrogène ?
O. L. : il s’agit d’une voiture propulsée par une pile à combustible dans laquelle de l’hydrogène et de l’oxygène vont se mélanger en provoquant des réactions électrochimiques qui vont à leur tour, produire l’électricité alimentant le véhicule. Pour faire correctement fonctionner le cœur de la pile, un ensemble de sous-systèmes envoie de l’air, maintient la pression d’oxygène et d’hydrogène, mais aussi la température du dispositif. Un des principaux intérêts de la voiture à hydrogène est qu’il ne faut pas attendre 40 mn devant une borne pour recharger des batteries. 3 à 4 mn sont suffisantes pour remplir le réservoir d’hydrogène de la voiture avant de repartir. Sur ce point, les voitures à hydrogène sont aussi pratiques que nos voitures thermiques, elles ne changent que très peu nos pratiques de conduite, tout en étant fiables et écologiques.
Quelles sont les caractéristiques de « La Machina », votre première voiture ?
O. L. : La Machina est la première berline haut de gamme à hydrogène. C’est un véhicule d’une puissance de 500 CV, rechargeable en 3 minutes et doté d’une autonomie de 1 000 km. Nous avons souhaité qu’elle offre une large autonomie afin que ses premiers utilisateurs, à sa sortie en 2025, n’aient pas à souffrir du manque de stations. Même s’il existe un grand plan de développement national et européen de l’hydrogène, nous savons qu’il faudra quelques années avant qu’un maillage étroit existe sur le territoire. 1 000 Machina ont déjà été précommandées et devraient être livrées en 2025, au prix de 120 000 €.
Où en êtes-vous de votre financement ?
O. L. : nous avons réalisé plusieurs levées de fonds, la dernière d’un montant de 6 M€. Nous avons également introduit Hopium en Bourse en décembre dernier. Une opération réussie qui traduit la confiance de nos investisseurs. Une confiance qui s’explique notamment par le fait que nous présentons une feuille de route précise dont, jusqu’à présent, nous avons respecté toutes les étapes. Ainsi, les 4 ans et demi qui viennent sont phasés avec, chaque année, des jalons à franchir dont le prochain est d’être prêt pour la pré-industrialisation de la Machina en fin d’année prochaine.
Fiche d’identité
Dénomination : Hopium
Activité : constructeur automobile
Création : 2019
Effectif : 40 personnes
Web : www.hopium.com