La forte baisse du chiffre d’affaires en 2001 que nous détaillons dans notre étude de marché (– 19,3 % à 25 353 MEUR) s’explique en grande partie par un effet périmètre. La déconsolidation de Nexans a représenté un recul du chiffre d’affaires de 13,9 points. Si l’on exclut l’impact de cette opération, le recul des ventes s’établit à 5,4 %. En-dehors de cette opération, la baisse d’activité du groupe s’explique par une forte diminution des volumes, consécutive à l’annulation de nombreuses commandes, notamment dans le domaine des réseaux sous-marins (360networks) et des satellites commerciaux de télécommunication. L’évolution des prix dans plusieurs activités a également impacté négativement les ventes du groupe. Ainsi, dans le segment des terminaux mobiles, un effet prix défavorable est venu s’ajouter à la baisse des volumes. La baisse des frais de personnel ne compense pas celle de la valeur ajoutée, conduisant à une chute de l’EBE en 2001. L’externalisation croissante de la production et la cession de la division Nexans ont conduit à une chute de la valeur ajoutée supérieure à celle du chiffre d’affaires (avec respectivement – 26,6 % et – 19,3 %). Ainsi, le taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée/chiffre d’affaires) continue de reculer en 2001 : il perd 3,1 points et s’établit à 31,3 % contre 38,1 % en 1999. L’externalisation de la production conduit en effet à un alourdissement significatif des consommations intermédiaires depuis 2000. En contre-partie, on assiste néanmoins à un recul des frais de personnel consécutif au développement de la soustraitance. Ainsi, l’externalisation des activités industrielles, les réductions d’effectifs et le désengagement de Nexans ont conduit à une baisse de 9 % des frais de personnel en 2001. Celle-ci est toutefois loin de compenser la hausse des consommations intermédiaires. En outre, la baisse des frais de personnel devrait se confirmer et s’accélérer en 2002, le groupe de Serge Tchuruk cherchant toujours à finaliser la cession des sites de production de composants standardisés et de batteries. En effet, de nombreuses usines n’ont pas encore trouvé de repreneur en raison du fort endettement des sous-traitants. De plus, Alcatel entend réduire de 20 % ses coûts fixes, au sein desquels les frais de personnel comptent pour plus de 60 %. Au total, la forte baisse de la valeur ajoutée conjuguée à une réduction nettement inférieure des frais de personnel est à l’origine d’une chute de près de 70 % de l’EBE en 2001, celui-ci restant toutefois positif à 959 MEUR. Le taux de marge d’exploitation enregistre mécaniquement une très forte baisse : il perd 6,2 points à 3,8 %. Après la hausse de l’effectif moyen observée en 2000 en raison de la forte croissance de l’activité, la tendance s’est totalement inversée en 2001 pour faire face au retournement de conjoncture. Plus de 14 000 personnes ont quitté le périmètre du groupe suite aux plans de réductions d’effectifs et à la cession des activités industrielles à des sous-traitants spécialisés dans la fonction de production : terminaux portables à Flextronics, composants et batteries à Sanmina-SCI. Les réductions de postes ont concerné l’ensemble des catégories de salariés, le groupe ayant annoncé la réduction des équipes de ventes et de chercheurs fin 2001. L’effectif atteignait ainsi 99 314 personnes en décembre 2001 et continuera de diminuer en 2002, le groupe ayant pour objectif de finaliser la suppression des 34 000 postes annoncée au cours de l’exercice 2001. Le recul des frais de personnel étant supérieur à celui de l’effectif moyen, le coût salarial unitaire a diminué en 2001 (– 2,6 %), signe de la volonté du groupe de réduire ses coûts fixes afin d’abaisser son point mort. En revanche, après deux années de croissance, la productivité apparente du travail a chuté de 21,4 % suite à la forte baisse de la valeur ajoutée en 2001. Les tendances de l’année antérieure sont donc totalement inversées et la structure des coûts d’Alcatel se trouve particulièrement dégradée en 2001.
FORTE BAISSE DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET DE L’EBE POUR ALCATEL
27 juillet 2002
par
Les Echos Etudes
Les Echos Etudes
27 juillet 2002