ENSEIGNE DE PHARMACIES : LES AMBITIONS DE LE GALL SANTE SERVICES

30 août 2018 par
ENSEIGNE DE PHARMACIES : LES AMBITIONS DE LE GALL SANTE SERVICES
LES ECHOS ETUDES

Créé en 2002 à Angers, Le Gall Santé Services illustre le dynamisme des réseaux de pharmacies fondés sur un ancrage régional fort. Interview de son fondateur et président.

De sportif professionnel à président d’un réseau de 17 pharmacies-parapharmacies, votre parcours professionnel a pris un tour original. Qu’est-ce qui vous a amené à créer l’enseigne Le Gall Santé Services ?
Christophe Le Gall : Après une carrière de footballeur professionnel, et suite à un accident ne me permettant plus de pratiquer à un haut niveau, j’ai décidé de poursuivre mes études de pharmacie. Je me suis vite rendu compte que la dimension « chef d’entreprise » du pharmacien était insuffisamment développée et qu’il fallait acquérir, ailleurs qu’en faculté, les fondamentaux du management. C’est pourquoi, une fois diplômé, je suis devenu consultant au sein du CRECI, société de conseil et de formation, tout en assurant des gardes et des remplacements. Cette première expérience professionnelle m’a mis en contact avec des groupes de la grande distribution et m’a fait prendre conscience des évolutions rapides de la distribution de détail et des nouvelles tendances de consommation. Le commerce associé, reposant sur la mutualisation des moyens au service de distributeurs indépendants, s’est vite imposé comme un modèle intéressant pour la pharmacie.

C’est-à-dire ?
C.L.G. : Il y a 30 ans, la pharmacie était le seul réseau de distribution qui n’avait pas fondamentalement évolué, ni dans son organisation ni dans son modèle économique. Il me paraissait évident que cet immobilisme mettait en péril la pérennité de la profession. Il devenait nécessaire que le pharmacien accepte de déléguer une partie de ses fonctions (référencement, gestion des achats et négociations avec les grossistes par exemple) pour libérer du temps afin de professionnaliser le management des équipes, la gestion financière de l’officine, la relation client… Je note d’ailleurs que cette nécessité est toujours d’actualité. Je suis plus que jamais convaincu que le maillage de pharmaciens indépendants, unis les uns aux autres par un système d’affiliation et une enseigne (re)connue par la clientèle, constitue un modèle gagnant. Il permet d’optimiser à la fois le back et le front office.

« En pharmacie comme dans le sport, l’union fait la force. »
Christophe Le Gall, Président de l’enseigne de pharmacies Le Gall Santé Services

Mais vous avez quand même fait le choix de devenir pharmacien d’officine !
C.L.G. : Après cette première expérience en tant que consultant-formateur, j’ai effectivement ouvert ma première pharmacie en 1997, à Angers. C’était une petite pharmacie de 60 m2. Mais dès le début, j’ai essayé de mettre en place des dispositifs ou techniques de management que j’avais étudiés ou observés au CRECI. Par exemple, un protocole d’accueil et de prise en charge bien spécifique pour accompagner au mieux les clients-patients, en fonction de leurs besoins. Ou le développement d’activités et de gammes de produits non remboursables, de manière à limiter la dépendance de ma pharmacie à l’égard de l’Assurance-maladie. J’ai ainsi ouvert un espace parapharmacie dès 1998, puis un deuxième espace destiné au matériel médical en 2000. Cette stratégie s’est avérée payante : la fréquentation de mon officine est passée de 70 à 600 clients par jour !

Comment est né le réseau Le Gall Santé Services et que représente-t-il aujourd’hui ?
C.L.G : En 2002, sur un concept de société d’exercice libéral (SEL), j’ai quitté mon statut de pharmacien individuel au profit de celui de pharmacien sociétaire pour partager avec d’autres confrères ma vision de la pharmacie. Le Gall Santé Services, c’est aujourd’hui une enseigne de 16 pharmacies et une parapharmacie-magasin d’optique, toutes installées dans l’Ouest de la France. Nous avons des associés basés à Angers, Nantes, Laval, Saumur, Le Mans… Le chiffre d’affaires cumulé des pharmaciens affiliés s’élève aujourd’hui à 45 millions d’euros. Ce qui nous octroie un vrai pouvoir de négociation à l’égard de nos fournisseurs et nous a permis de créer une centrale d’achat pharmaceutique (CAP) qui gère 6 500 références produits. Celle-ci approvisionne nos adhérents en parapharmacie, médicaments OTC et matériel médical, à partir de notre site logistique d’une capacité de 2 500 m2.

Votre tenez beaucoup à votre ancrage régional.
C.L.G : C’est un des enseignements que j’ai tiré de ma première vie professionnelle. Les réseaux d’indépendants qui ont réussi, que ce soit en GMS ou dans le circuit officinal, se caractérisent tous par un ancrage et une identité régionale forte (E. Leclerc en Bretagne, Auchan dans le Nord Pas-de-Calais, Lafayette Pharmacie à Toulouse, Univers Pharmacie en Alsace…). Nous avons une très bonne couverture du territoire angevin, ce qui constitue un avantage compétitif évident et une base solide pour rayonner dans toute la région Ouest.

Les officines affiliées répondent-elles à un profil précis ?
C.L.G : Pas en termes de chiffre d’affaires. Les niveaux d’activité varient de 600 000 euros à 7 millions de CA annuel. Et les « petites » officines bénéficient des mêmes services que les plus « grosses ». Le premier critère que nous retenons est la volonté du ou des titulaires à développer les deux dimensions du métier : la dynamique commerciale (techniques de vente, présence au comptoir, commercialisation de notre MDD…) et les services pharmaceutiques (prévention, suivi personnalisé, bilan de médication, livraison à domicile…). La cohésion interne s’opère à travers l’animation chaque mois d’un forum qui réunit l’ensemble des titulaires autour de la vie de l’enseigne. Et des cursus de formation qui permettent d’optimiser les techniques d’accueil et les modalités de prise en charge des patients. Nous développons en parallèle de nombreux services ou solutions innovantes à destination des patients : applications mobiles, Le Gall Box, jeux concours, consumer magazine, bornes interactives et murs digitaux...

Comment imaginez-vous l’officine à horizon 10 ans ?
C.L.G : La pharmacie doit rester un véritable carrefour de santé et proposer des services en adéquation avec les besoins de sa clientèle. Leur développement implique toutefois des investissements importants, tant en formation des équipes qu’en aménagement des locaux. Et dans le même temps, les pharmaciens doivent proposer une offre produits et prix sans cesse renouvelée. C’est une équation de plus en plus complexe à résoudre qui conduira les pharmaciens à rejoindre des réseaux structurés et professionnels. C’est selon moi la condition même de leur indépendance. 

 Il faut travailler et envisager l’avenir comme si nous ne bénéficions d’aucun monopole. 
Christophe Le Gall, Président de l’enseigne de pharmacies Le Gall Santé Services


Carte d'identité de l'enseigne Le Gall Santé Services :​
Zone géographique : Ouest de la France
16 pharmacies et 1 parapharmacie-magasin d’optique
1 centrale d’achats pharmaceutiques
1 école de formation
181 collaborateurs
CA annuel moyen des officines affiliées : 2,5 MEUR (600 KEUR à 7 MEUR)


Propos recueillis en juin 2018 par Hélène Charrondière pour Les Echos Publishing, division Communication éditoriale du groupe Les Echos.

Consulter la présentation de L'Observatoire des groupements et des enseignes de pharmacies, lancé par Les Echos Etudes en décembre 2017

ENSEIGNE DE PHARMACIES : LES AMBITIONS DE LE GALL SANTE SERVICES
LES ECHOS ETUDES 30 août 2018
Partager cet article
Étiquettes
Archiver