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Depuis le 1er janvier 2024, le groupe des BRICS qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud compte 5 nouveaux membres : l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite, l’Iran et les Émirats arabes unis. Rebaptisée pour l’occasion groupe des BRICS+, cette organisation entend, selon les termes de la déclaration de Johannesburg de 2023 qui a entériné son élargissement, « promouvoir la coopération, la solidarité et les partenariats stratégiques au sein du Sud global ».
Dans une récente étude, la Banque de France nous apprend que les BRICS+ représentent désormais près de la moitié de la population mondiale (contre 41 % avant son élargissement). Soit 5 fois plus que le G7, l’organisation inter-étatique qui regroupe les principales puissances économiques occidentales (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). Une domination que l’on retrouve également sur le plan économique, les BRICS+ pesant 35,6 % du PIB mondial (chiffre 2022, en parité de pouvoir d’achat) contre 30 % pour le G7. Un écart qui devrait s’accroître en raison du dynamisme des pays émergents. Ainsi, selon le FMI, « les BRICS+ représenteraient 37,6 % du PIB mondial en 2027, contre seulement 28,2 % pour le G7 ».
Un ensemble hétérogène
Mais le poids démographique et économique ne fait pas tout. La Banque de France souligne ainsi dans son étude la grande hétérogénéité des pays des BRICS+ qui pourrait empêcher cette organisation de venir concurrencer l’influence mondiale du G7.
À l’appui de cette thèse, le premier point soulevé est la différence d’approche de politique internationale qui existe entre les membres des BRICS+. Cette dernière, mesurée à partir d’un « indicateur de distance géopolitique » (calculé, notamment, sur les positions prises par les pays lors des votes à l’Assemblée des Nations Unies), montre ainsi une grande disparité dans le soutien ou, au contraire, dans la condamnation des prises de position des États-Unis et de l’UE, largement partagées par l’ensemble des pays du G7. Pour rappel, les BRICS+ accueillent les Émirats arabes unis, allié fidèle des États-Unis et l’Iran, leur plus grand ennemi.
En outre, les interactions commerciales entre les pays des BRICS+ restent plus faibles que celles qui existent entre les membres du G7. Le commerce entre les pays des BRICS+ ne pèse que 3,7 % du commerce mondial (chiffres 2021). L’intérêt (pragmatique) de chacun de ses membres à ne pas contrarier ses principaux clients ou fournisseurs « occidentaux » demeure donc fort, du moins pour le moment.
En revanche, « en miroir du G7, les BRICS+ pourraient constituer un forum de concertation pour peser davantage dans la gouvernance économique mondiale en s’érigeant en porte-parole du Sud global », estiment les auteurs de l’étude.
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