Axe majeur de toutes les grandes réformes engagées depuis une quinzaine d’années, la coordination des soins ville-hôpital devient une priorité absolue pour les autorités de santé et l’Assurance maladie. Cette coordination a pris, au cours de ces dernières années, de nombreuses formes : réseaux de santé, maisons de santé mono et multisites, équipes de soins primaires (ESP), plates-formes territoriales d’appui (PTA), communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), programme e-parcours (prolongement des Territoires de Soins Numériques)… Divers modes d’exercice conçus principalement pour les professionnels de santé libéraux et qui laissent peu voire pas de place au secteur hospitalier. Malgré un large corpus législatif et réglementaire, la coordination hôpital/ambulatoire se révèle très complexe à mettre en œuvre sur le terrain, faute d’outils et de structures transversales cassant les silos entre les différents secteurs de soins. C’est là que la promesse du digital prend tout son sens. Le volet numérique du plan « Ma Santé 2022 » marque à cet égard un tournant important dans la mesure où son objectif est de dépasser les expérimentations portées jusqu’à aujourd’hui par des institutions régionales pour aller vers la généralisation du DMP (effective dès le mois de novembre 2018), la création d’un Espace Numérique de Santé personnalisé (créé à la naissance) et un bouquet de services digitaux destinés aux professionnels de santé et aux établissements de soins (DMP bien-sûr mais aussi e-prescription, logiciels de télémédecine, messagerie sécurisée, guides de bonnes pratiques, télé-services proposés par l’Assurance maladie via ameli pro, etc.).
Près d’une centaine de solutions proposées par le secteur privé
Au-delà de cette réponse institutionnelle qui vise à simplifier l’accès à des services « socle » et à les rendre interopérables, une offre de solutions numériques se développe à l’initiative d’acteurs privés : laboratoires pharmaceutiques, groupes de cliniques et start-up de la e-santé. Ces solutions - appli, chatbots, tableaux de bord personnalisés, carnets de santé, objets connectés - peuvent se segmenter en fonction de leurs promesses : optimisation de la gestion des pré et post hospitalisations (BePatient, Calmedica, Nouvéal, E-Medservice, Patientys, MonDocteur…), aides digitales à la thérapie (Voluntis, Betterise Health Tech, Lifeina, Bewell Connect…) et fluidité des échanges de données médicales entre équipes de soins et éventuellement patients (Domicalis, Kisano, Monali, Medicapp Connect, Medylink…).
Cette offre foisonnante de nouvelles solutions témoigne du potentiel de ce nouveau marché. Mais pour que le digital permette effectivement la mise en place de nouvelles organisations de soins, il manque aujourd’hui un ou plusieurs acteurs clés pouvant assurer le rôle d’intégrateur de ces différentes solutions. Un rôle qui pourrait être dévolu à des groupes comme La Poste, Orange Healthcare ou certains GAFAM.
Exemples de solutions digitales pour optimiser les séquences pré et post-hospitalisation
BePatient : Hospi, outil de suivi à distance des données patients en post-hospitalisation, notamment dans le cadre de séjours ambulatoires ou raccourcis, en orthopédie, rhumatologie et obésité.
Calmedica : suivi automatisé à domicile des patients hospitalisés en ambulatoire, en amont et en aval de leur séjour à l’hôpital (partenariat avec l’AP-HP) via un chatbot.
E-medservice : plate-forme de suivi de patients (solution interfacée avec le dossier patients), recueil et analyses de données médicales (récapitulatif de suivi effectué par épisode de soins, production automatisée de tableaux de bord…), application mobile en multi-accès.
Maela : suivi médical personnalisé en chirurgie.
Nouvéal : e-fitback, solution mettant en relation entre professionnels de santé et patients (pré-admission à partir du domicile, rappels, éducation thérapeutique, conseils, checklists de préparation, échanges par messagerie sécurisée, détection automatique des situations à risque, analyse du taux de ré-hospitalisation…
Patientys : prise en charge en amont des patients sous chimiothérapie anticancéreuse (appel des patients par des infirmières qui appellent le patient 48 h avant sa séance de chimio afin de collecter des informations sur son état clinique et biologique). Le programme se décline avec des auto-questionnaires on-line que les patients peuvent remplir dans un espace sécurisé.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la présentation détaillée de l'étude multiclient réalisée par Alexandre Benoît et Hélène Charrondière pour Les Echos Etudes.
~> Le digital au service de la coordination ville-Hôpital et des parcours patients