Tous les ans, le Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof) dresse un bilan de l’état du dialogue social en France. La dernière édition de ce baromètre dans laquelle un échantillon représentatif des salariés français a été interrogé (novembre 2022), met, une fois de plus en évidence les difficiles échanges qui existent entre les employeurs et leurs employés.
On y découvre, notamment, que seuls 53 % des salariés affirment avoir confiance dans la direction de leur entreprise, un taux qui recule à 51 % chez les non-cadres et à 45 % dans les grands groupes (contre 59 % dans les PME). 68 % des salariés interrogés considèrent même que les employeurs ne se préoccupent pas de ce que « pensent des gens comme eux ». Un taux qui atteint 79 % lorsqu’on leur pose la même question à propos du ministère du Travail.
Les syndicats critiqués
Plus surprenant, le niveau de confiance des salariés dans les syndicats ne dépasse pas 36 %. En détail, 58 % des salariés estiment que les syndicats ne se préoccupent pas de ce qu’ils pensent. 36 % des personnes interrogées les jugent, en outre, trop politisés (un taux qui grimpe à 42 % dans les grands groupes) et 27 % leur reprochent « de ne fonctionner que dans l’intérêt de leurs représentants ». Une critique extrêmement dure qui se traduit par le fait que seuls 36 % des salariés considèrent que l’action syndicale est efficace en France et 46 % que la loi est plus efficiente que la négociation pour réformer.
Un dialogue social complexe
À la question, « sur un plan général, diriez-vous qu’en France, le dialogue social fonctionne bien », 73 % des sondés répondent de manière négative. Plus inquiétant, ce constat d’échec se traduit également au niveau de l’entreprise. Ainsi, si 79 % des salariés estiment que le dialogue social existe dans leur structure de travail, seuls 25 % jugent qu’il est efficace. Quant au moyen pour l’initier, les salariés français préfèrent porter eux-mêmes leurs revendications plutôt que d’en charger leurs représentants. S’ils sont encore 55 % à envisager de s’appuyer sur leurs élus ou leurs représentants du personnel pour défendre leurs intérêts, 60 % envisagent plutôt de directement s’adresser à leur direction et 72 % de le faire en se coordonnant avec des collègues partageant les mêmes préoccupations.
Quant aux thèmes sur lesquels le dialogue social devrait porter selon les salariés, sans surprise, le premier cité est le pouvoir d’achat (68 %) devant les conditions de travail (51 %) et la protection sociale (28 %).