2001 est une année de transition après trois exercices de forte croissance, en particulier externe comme l'indique notre étude de marché.
Après une année 2000 exceptionnelle sur de nombreux points (croissance forte de l’activité, de l’excédent brut d’exploitation et du résultat net), 2001 marque une pause (+ 4,3 % de croissance 2001/2000) et une stabilisation des résultats. D’une façon générale, le groupe ralentit le rythme de sa croissance et se situe dans une période d’intégration et d’assimilation de sa très forte croissance externe des quatre exercices précédents. Deutsche Post peine à se défaire de son statut d’opérateur public…
L’Etat allemand possède toujours directement et indirectement 69 % du capital de Deutsche Post et si le groupe est promis à une privatisation à plus ou moins court terme, celle-ci a été ajournée en 2001, pour deux raisons. La première tient à l’environnement boursier défavorable ainsi qu’à la mauvaise tenue du cours de l'« action jaune », qui rendent inopportune une augmentation de capital. La seconde raison est plus profonde : le processus de libéralisation des marchés postaux européens, en dépit des efforts allemands, a été repoussée de quelques années par les pays membres. En 2003, le segment des lettres de plus de 100 grammes ou dont l’affranchissement est supérieur à trois fois le tarif standard sera ouvert à la concurrence, mais il faudra attendre 2009 pour voir la libéralisation complète du courrier postal. Dans ce contexte, le Bundesrat a décidé en août 2001 de prolonger jusqu’en 2007 le monopole dont bénéficie Deutsche Post en Allemagne, qui concerne les envois de moins de 200 grammes. L’autre conséquence est que l’ouverture progressive du capital du groupe jusqu’à la privatisation n’est plus une priorité. L’échéance prévue en 2002 a été repoussée et il semble
que le rythme de ce processus attendra une meilleure santé des marchés boursiers et du cours de l’action. Il demeure que le parlement allemand a tout de même adopté un amendement supprimant l’obligation statutaire faite à l’Etat de détenir au moins 50 % du capital de l’opérateur postal. La voie est donc ouverte à la privatisation à terme.
… qui lui vaut d’importants désagréments
En 2001 et 2002, Deutsche Post s’est vu rattrapé par son statut d’opérateur public. En mars 2001, la Commission Européenne a condamné le groupe à 24 MEUR de pénalité pour abus de position dominante sur le marché allemand. Plus grave, en juin-juillet 2002, la Commission a décidé de sanctionner l’utilisation de subventions publiques reçues entre 1994 et 1998. Le groupe aurait profité de cette manne, destinée au secteur sous monopole, pour financer son expansion dans l’express et le secteur concurrentiel d’une manière générale. Celui-ci a fait appel de la décision, sur le fonds et sur la forme, auprès de la Cour Européenne de Justice. Le montant des subventions visées est en effet de 572 MEUR, qui, ajoutées aux 278 MEUR d’intérêts, atteindraient 850 MEUR d’amende. Enfin, le marché postal allemand est désormais régi par un organisme indépendant de régulation, RegTP (autorité de régulation du marché postal et des télécom) . Celui-ci a établi un calendrier de baisse des tarifs postaux d’ici au 31 décembre 2007, qui sera fonction des gains de productivité du groupe et du rythme de l’inflation. En 2003, cette réduction coûtera 300 MEUR à Deutsche Post et 1,5 milliard d’euros sur la période 2003-2007.
Deutsche Post poursuit sa mutation pour devenir un groupe logistique leader. La stratégie corporate de Deutsche Post est de constituer un fournisseur de solutions logistiques intégrées, c’est-à-dire à même de présenter une offre globale de services à un grand groupe mondial. Les grandes firmes industrielles connaissent en effet une tendance à l’externalisation de leurs activités logistiques et font appel pour cela à un nombre limité de prestataires, voire un seul. Deutsche Post entend faire partie des quelques entreprises en mesure de constituer cet interlocuteur privilégié, sur un marché très technique et pointu et donc très rémunérateur. Pour cela, une stratégie de diversification et d’internationalisation a été menée. L’entreprise a atteint une surface industrielle globale (du courrier à la logistique en passant par la messagerie express) et une couverture géographique des grands marchés mondiaux. L’heure est à l’intégration des différentes entités et à leur coordination afin de réaliser des économies d’échelle et de profiter des synergies. La seule opération notable en 2001 concerne la prise de participation majoritaire dans DHL International. De 25 %, le groupe est passé à 51 % et souhaite en 2002 racheter à Lufthansa ses 25 % pour atteindre 76 % de l’expressiste. A terme, l’acquisition totale est envisagée. Cette opération est
donc inscrite dans la continuité des années précédentes ; l’année 2001 et le premier semestre 2002 représentent par conséquent une pause dans l’évolution du périmètre du groupe. L’heure est à l’intégration des entités rachetées et à le recherche de rentabilité des activités.