Crédit photo : nuttapong punna
Comme chaque année, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) dresse un bilan de la population médicale française. Genre, âge, mode d’activité, type d’exercice, spécialité, localisation géographique… : tous les indicateurs sont passés au crible afin d’établir un état des lieux minutieux de la profession. Si en apparence la situation a peu évolué depuis l’an dernier à l’image de quelques tendances qui se confirment, certaines situations semblent se détériorer.
Quelles dynamiques se consolident ?
La première bonne nouvelle concerne l’âge de la population de médecins en activité régulière, qui baisse progressivement et atteint désormais une moyenne de 48,1 ans. On remarque, par ailleurs, que la profession continue à se féminiser avec, au 1er janvier 2024, environ 52 % des femmes pratiquant la médecine, contre 40 % seulement en 2010. Une tendance encore plus marquée chez les jeunes puisque 60 % des moins de 40 ans sont des femmes. Par ailleurs, l’exercice libéral perd du terrain au profit du salariat. « L’activité salariée apparaît de plus en plus attractive auprès des praticiens en activité régulière. Effectivement, alors qu’en 2010, l’activité salariée représentait 41,9 % des médecins en activité régulière, elle compte désormais pour 48,7 % en 2024, détrônant ainsi l’activité libérale », précise le CNOM. Là encore, ce constat est encore plus prégnant chez les jeunes : 58 % des moins de 40 ans sont salariés.
Quels problèmes s’accentuent ?
Si le nombre de médecins en activité a augmenté de 6,1 % entre 2014 à 2024, la proportion d’actifs réguliers ne cesse de diminuer au profit des intermittents et des retraités actifs. On note néanmoins une augmentation de 0,8 % du nombre d’actifs réguliers par rapport à 2023. Effectivement, alors que les actifs réguliers représentaient 92,8 % des praticiens en activité en 2010, ils comptent désormais pour 83,9 % en 2024. Par ailleurs, les inégalités territoriales d’accès aux soins médicaux se creusent et les médecins traitants sont de moins en moins nombreux (43 % des effectifs en 2024, contre 48 % en 2010). « Les départements hospitalo-universitaires voient leurs effectifs de médecins augmenter et rajeunir (à quelques exceptions près), tandis que les régions périphériques, où la population est plus âgée, subissent une diminution des effectifs médicaux et un vieillissement de leurs praticiens », étaye l’Ordre. Enfin, la balance entrants/sortants d’activité régulière est très contrastée par spécialité (+495 urgentistes par exemple, et -175 généralistes au cours de l’année 2023).
Cet instantané du paysage médical français tombe à point nommé à l’aube des premières discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, et devrait continuer de nourrir les réflexions sur l’organisation du système de santé et l’amélioration de l’accès aux soins.
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