Les pharmaciens d’officine sous pression, après l’annonce par le gouvernement d’un nouveau plan d’économies sur le médicament
L’année 2015 devrait être marquée par un nouveau recul des ventes de médicaments à l’officine, estimée à 1,5 % par rapport à l’année dernière, après un recul de 2 % en 2014 et de 2,4 % en 2013. Les vagues de baisses de prix qui se succèdent depuis plusieurs années, à la fois sur les médicaments princeps et génériques, pèsent de plus en plus lourdement sur la situation financière des officines, en particulier sur celles des petits officines dont le CA annuel est inférieur à 1,2 million d’euros. Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’impact de ces baisses de prix sur la rémunération globale des officinaux devrait avoisiner les 220 millions d’euros en 2015. L’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF) prévoit quant à elle que les réductions tarifaires vont se traduire cette année par une perte de marge de 4 860 euros en moyenne par officine. Au total, sur les deux dernières années 2014 et 2015, la perte de marge globale pour le réseau s’élève à quelque 430 millions d’euros.
L’annonce d’un nouveau plan drastique d’économies pour 2016 inquiète sérieusement la profession officinale et ses représentants syndicaux. Les objectifs de réduction des dépenses pour l’année prochaine sont clairs : 1,045 milliard au titre des nouvelles baisses de prix et du développement des médicaments génériques, et 1,2 milliard au titre de la maîtrise dite médicalisée (bon usage des soins, rationalisation des prescriptions, incitations des médecins à prescrire dans le Répertoire des groupes génériques...). Lors de la 16e Journée de l’économie de l’officine organisée par Le Quotidien du Pharmacien, les représentants de la FSPF ont estimé que les signaux sont au rouge pour 4 000 à 5 000 pharmacies (principalement installées dans des zones rurales), soit environ 20 % du réseau. Et rappelé qu’une officine ferme tous les deux jours.
Les pharmaciens ne sont pas les seuls à être sous pression. Les grossistes répartiteurs s’alarment de ces nouvelles baisses de prix, estimant qu’elles vont se traduire par une diminution d’au moins 50 MEUR de leurs ressources, et ce dans un contexte de situation économique jugé critique. Quant aux laboratoires pharmaceutiques, ils sont particulièrement ciblés, avec, pour la 2e année consécutive, un objectif de baisse de 1 % de leur chiffre d’affaires net. Les baisses de revenus à la fois des grossistes répartiteurs et des laboratoires se répercuteront immanquablement sur l’économie de l’officine, à travers une diminution des remises commerciales, des marges arrière, ainsi que des avantages consentis au titre des ventes directes...
C’est donc toute la chaîne du médicament qui s’estime fragilisée par ce énième plan d’économies qui, on peut le craindre, ne règlera en rien le déficit structurel de l’Assurance maladie.