Crise sanitaire, flux tendu, quasi-monopole de Taïwan… autant de raisons qui explique la pénurie de semi-conducteurs que subissent les constructeurs automobiles du monde entier.
Le 26 mars dernier, Stellantis (PSA-FIAT-Chrysler) indiquait dans un communiqué de presse stopper, au plus tard jusqu’à la mi-avril, sa production de véhicules dans 5 sites nord-américains. En cause, des problèmes d’approvisionnement d’éléments plastiques produits par des usines américaines dont le fonctionnement a été ralenti par la récente vague de grand froid, mais surtout des difficultés à se fournir en semi-conducteurs. Une pénurie de puces qui ne touche pas que le groupe franco-italo-américain, mais l’ensemble des constructeurs automobiles de la planète comme General Motors et Ford. Ce dernier estimait même, début février, que cette pénurie de semi-conducteurs pourrait entraîner une réduction de plus de 10 % de sa production sur le 1er semestre 2021.
De la crise sanitaire au quasi-monopole de TSMC
En mars 2020, la crise sanitaire n’a pas seulement mis à l’arrêt de nombreux sites de production automobiles à travers le monde, elle a également fait exploser la demande de matériels informatiques tels que les portables, les consoles, les téléviseurs ou encore les smartphones et autres tablettes. Bilan des courses, les fondeurs de semi-conducteurs ont réadapté leur ligne de production pour répondre à la demande la plus pressante. Et aujourd’hui que la production automobile redémarre, ils doivent faire machine arrière. Une opération à peine engagée et qui devrait durer, selon les déclarations à Bloomsberg de Steve Wybo, le chef du groupe de pratique automobile de la société de conseil Conway Mackenzie, pas moins de « 24 semaines ».
La pénurie devrait donc encore affecter les constructeurs automobiles d’autant que la demande des autres industriels ne faiblit pas. Sans parler du fait que les marques européennes pourraient subir les contre-coups de la guerre des semi-conducteurs que se livre les États-Unis et la Chine avec au centre du conflit le Taïwanais TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company). Un fondeur qui, à lui seul, produit 50 % des semi-conducteurs de la planète, dispose de la technologie la plus avancée et pèse pas moins de 540 Md$. Un acteur incontournable dont le chiffre d’affaires est à plus de 80 % assuré par les commandes américaines et chinoises, ce qui rend les européens encore plus vulnérables. Raison pour laquelle, dans le cadre du plan de relance, une vingtaine de pays européens ont décidé de mettre sur la table 30 Md€ d’investissement public-privé afin de permettre l’émergence d’une industrie européenne des semi-conducteurs. Espérons que cette initiative rende, à moyen terme, l’Europe et ses industriels moins dépendants des producteurs asiatiques.