Des alliances se créent entre les constructeurs produisant les véhicules fortement émetteurs de CO2 et les spécialistes de l’électrique ou de l’hybride. L’objectif : afficher une production moyenne de CO2 par véhicule inférieure au plafond européen.
Il reste moins de deux mois aux constructeurs automobiles présents sur le marché européen pour se conformer aux nouvelles règles en matière d’émission de CO2. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2020, ces derniers ont l’obligation de ne pas dépasser un taux moyen d’émission de CO2 de 95 g/km sur l’ensemble de leurs ventes. Ainsi, à la fin de l’année, les comptes seront faits et ceux qui dépasseront ce seuil se verront appliquer une amende correspondant à 95 € par gramme de CO2 excédentaire par voiture vendue. À l’échelle d’un grand groupe, cela peut rapidement représenter plusieurs centaines de millions d’euros de pénalité.
Des mariages contraints
Sauf à ne proposer que des petites urbaines ou à disposer d’une vaste gamme de tout électrique ou d’hybrides rechargeables comme c’est le cas de Renault-Nissan, il va être difficile à certains constructeurs de passer sous cette toise des 95 g de CO2. Raison pour laquelle plusieurs fabricants européens se sont lancés dans un jeu d’alliance avec les constructeurs très en pointe en matière de production de véhicules sobres. L’objectif : intégrer dans leurs ventes des véhicules électriques ou hybrides d’une autre marque afin de faire baisser le taux moyen de CO2 de l’ensemble des véhicules vendus. Ce n’est vraiment pas l’esprit de la loi, mais ce type d’accord est accepté par Bruxelles dès lors qu’ils sont passés en toute transparence et ne visent qu’à permettre au constructeur de se mettre à terme en conformité. Sans surprise, ces alliances ne sont pas gratuites et constituent même une manne non négligeable pour des pure players comme Tesla qui aurait reçu de FCA (Fiat-Chrysler) près de 1,8 Md€ pour lui éviter, lors des trois prochaines années, d’être sanctionné en Europe et aux États-Unis où des plafonds d’émission de gaz à effet de serre sont également imposés aux constructeurs. Mais FCA n’est pas le seul constructeur à être tombé sous le charme de Tesla. Honda vient ainsi de rejoindre le pool. La presse relaie également la signature d’un accord passé entre Ford et Volvo, le constructeur suédois étant devenu un gros fabricant d’hybrides rechargeables. Est également annoncée une alliance entre le chinois SAIC (producteur des MG électriques) et le groupe Volkswagen. Toutefois, selon Les Échos, malgré cet accord, le constructeur allemand ne parviendrait pas à rester sous le plafond et s’attend donc à devoir payer une amende. Tout comme Jaguar Land Rover qui aurait provisionné près de 100 M€ pour régler les pénalités que ne manquera pas de lui infliger Bruxelles. De son côté, le groupe Renault-Nissan, fort de sa gamme étendue d’électriques et d’hybrides rechargeables, se dit prêt à constituer un pool avec des constructeurs désireux d’éviter les foudres européennes.