La Journée de l’Économie de l’officine qui s’est tenue en octobre dernier a été l’occasion pour l’ensemble des intervenants d’esquisser l’avenir de l’officine.
Dresser un bilan précis des résultats financiers du réseau, analyser les facteurs de mutation et indiquer les orientations de la profession à long terme… tels sont les objectifs de cette Journée organisée chaque année par Le Quotidien du Pharmacien, à laquelle l’ensemble des représentants et partenaires clés des officinaux sont invités à échanger. Si les visions d’avenir divergent parfois, l’analyse des résultats financiers et des perspectives économiques est, en revanche, unanime : le chiffre d’affaires réalisé par les pharmacies a quasiment stagné au cours des 3 derniers exercices (+0,5 %), s’établissant en moyenne annuelle dans une fourchette comprise entre 1,5 et 1,8 M€. Une moyenne qui révèle toutefois un creusement des disparités entre, d’une part les catégories de produits commercialisés (déclin des médicaments remboursables, dynamique du non remboursable et du hors monopole), et d’autre part les tailles et les zones de chalandise des pharmacies. La fragmentation du réseau devrait se poursuivre dans les années à venir. Elle devrait profiter aux « grosses » officines réalisant au minimum 2 M€ de chiffre d’affaires annuel, et à celles installées dans les centres commerciaux et les gros centres-villes. L’analyse des indicateurs de marge va dans le même sens : la marge brute globale, qui varie de 477 000 € à 570 000 € selon les cabinets d’expertise comptable (soit 31,5 % du chiffre d’affaires moyen), a globalement stagné sur la période 2014-2016. Une stagnation qui obère la rentabilité moyenne du réseau dans la mesure où elle ne permet pas d’absorber l’augmentation tendancielle des frais généraux et de structure (personnel, loyer, informatique…).
Cap sur les honoraires et les services
Néanmoins, face à ce bilan morose et aux perspectives économiques plutôt sombres, les représentants de la profession se sont voulus rassurants et optimistes. Car le nouveau modèle économique de l’officine est défini depuis plusieurs années et fait l’objet de points de vue convergents entre l’Assurance maladie, l’Ordre et les syndicats de pharmaciens. Entériné par l’accord conventionnel signé en juillet dernier, ce nouveau modèle se fonde sur 2 grands piliers. L’un réside dans la réforme prochaine de la MDL (marge dégressive lissée) et une augmentation importante de la part des honoraires de dispensation, permettant ainsi une déconnection croissante entre marge administrée et prix des médicaments remboursables. Le second repose sur la rémunération de nouveaux services d’accompagnement des patients, bilan de médication et suivi de l’observance thérapeutique dans un premier temps. Des services qui recueillent l’assentiment d’une majorité de pharmaciens d’officine, désormais convaincus que ce processus de tertiarisation de leur métier est inéluctable. Une enquête réalisée en septembre dernier par la société CallMédiCall pour Le Quotidien du Pharmacien indique les services que les pharmaciens souhaitent prioritairement développer : arrivent en tête la livraison de médicaments à domicile (68 % des sondés), l’aide au sevrage tabagique et le bilan de médication (respectivement 50 %), devant l’ouverture du dossier médical partagé (47 %) et les entretiens « asthme » et « AVK » (42 %).
(1) Chiffre d’affaires incluant les honoraires.
(2) Marge qui inclut les honoraires, les nouvelles formes de rémunération et les bénéfices tirés des accords de coopération commerciale.