BRAS DE FER ENTRE E.LECLERC ET LES PHARMACIES

Avec ses nouveaux spots publicitaires, l'enseigne de grande consommation française cherche à obtenir le droit de vendre des médicaments en libre accès dans ses parapharmacies. Retour sur sa bataille contre le monopole des officines, qui dure depuis 40 ans.
6 novembre 2024 par
BRAS DE FER ENTRE E.LECLERC ET LES PHARMACIES
Hélène SAGNES

Crédit photo :  HJBC

Des produits d’hygiène et de cosmétiques dans les années 80, en passant par la vitamine C ou les préservatifs, jusqu’aux compléments alimentaires et au petit matériel médical de nos jours, le géant de la grande distribution a peu a peu grignoté du terrain face aux pharmacies d’officine. Désormais à la tête d’un réseau de 292 parapharmacies, l’enseigne revendique proposer « un large choix de produits à prix E.Leclerc qui couvrent l’ensemble des besoins du quotidien. Des produits essentiels à la santé et au bien-être quotidien, mais qui peuvent peser lourd sur le budget. »

Autotests et médicaments OTC en ligne de mire

Après sa campagne publicitaire prônant l’ouverture du marché des autotests – et non plus uniquement des tests de diagnostic de grossesse – en été dernier, c’est au tour des médicaments à prescription médicale facultative d’entrer à nouveau dans le viseur du géant de la grande consommation. Une bataille engagée depuis de nombreuses années, et qui surfe sur la vague des déremboursements de plus en plus nombreux. À l’heure de l’inflation et des débats sur les frais de santé, Leclerc choisit de lancer une nouvelle offensive. Ainsi depuis quelques jours, l’entreprise diffuse une nouvelle campagne publicitaire grand public dans laquelle elle pointe du doigt le prix des médicaments en vente libre dans les pharmacies françaises. En guise de chute, elle invite à se questionner sur le bien-fondé du monopole officinal, « Vu le prix des médicaments en libre accès, il y a de quoi avoir peur d’un simple rhume. Alors pourquoi ne peut-on toujours pas les vendre dans nos parapharmacies à prix Leclerc pour que les Français fassent des économies ? »

Une récente étude menée par IQVIA pour NèreS – qui représente les laboratoires pharmaceutiques produisant des produits de santé et de prévention de premiers recours disponibles en pharmacie sans ordonnance – concluait pourtant à des prix inférieurs à ceux pratiqués en Espagne, en Italie ou encore en Allemagne, pour 5 classes courantes (antalgiques, voies respiratoires, digestion, ophtalmologie, dermatologie). Publiés quelques jours avant le spot, les résultats de l’Observatoire des nouvelles consommations de E.Leclerc mettent en avant une dégradation de l’état de santé perçu par les Français, évalué à 6,5/10. Le sondage souligne, par ailleurs, la difficulté grandissante d’accès aux médicaments et leur prix trop élevé. L’enseigne revendique ainsi pouvoir proposer des produits plus abordables aux Français, dont 74 % se disent « favorables à la vente de médicaments dans les grandes surfaces ».

Une attaque préjudiciable pour la profession dans un contexte économique compliqué, où 300 pharmacies menacent de fermer d’ici la fin de l’année et où 73 % déplorent une dégradation de leur trésorerie. Le réseau officinal entend bien garder la main mise sur les principaux canaux de distribution des produits de santé, comme l’illustre par ailleurs le développement de la nouvelle plate-forme de vente en ligne « Ma Pharmacie en France » à l’initiative des groupements pharmaceutiques. Sur tous les fronts, la profession continue de défendre son pré carré. Le bras de fer est donc loin d’être plié.

Copyright : Les Echos Publishing

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Hélène SAGNES 6 novembre 2024
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