Crédit photo : Viktor Cap 2015
La société Alcediag, filiale du laboratoire Alcen, et les laboratoires de biologie médicale Synlab annonçaient il y a quelques jours la mise à disposition du tout premier test d’aide au diagnostic en santé mentale. Déjà commercialisé en Italie, il sera disponible en France à partir du 1er avril 2024. Destiné à distinguer les troubles bipolaires et la dépression, il pourra être proposé aux personnes qui ont subi un épisode dépressif. Baptisé « myEDIT-B », il a la particularité de faire appel à deux technologies innovantes. En effet, il s’appuie à la fois sur le séquençage nouvelle génération (NGS) de l’ARN dans le sang, et sur un algorithme basé sur l’intelligence artificielle. Ainsi, le test repose sur l’analyse d’une signature différentielle des deux pathologies, elle-même basée sur l’identification de modifications d’édition d’ARN de marqueurs sanguins. Les partenaires précisent que ses performances avoisinent les 80 %.
Quels enjeux pour le diagnostic des troubles bipolaires en France ?
Classé par l’Organisation Mondiale de la Santé comme l’une des 10 pathologies les plus invalidantes, elle concernerait au moins 2,5 % de la population française. D’après le duo, myEDIT-B « permet de réduire drastiquement le délai de diagnostic des troubles bipolaires : de 8 ans en moyenne à moins d’un mois ». En effet, Alcediag et Synlab précisent que la maladie met un certain temps à être dépistée. Jusqu’à présent, la confirmation de la maladie requérait un examen clinique par un psychiatre. Cette évaluation ne permet néanmoins pas toujours de trancher. En effet, « 1 patient bipolaire sur 2 a eu un diagnostic initial erroné, souvent confondu avec un Épisode Dépressif Caractérisé (dépression), dont les symptômes sont similaires à ceux des phases dépressives des troubles bipolaires. », précisent les partenaires. Ce test promet donc d’aider les praticiens à faire le distinguo entre deux pathologies qui peuvent avoir des manifestations communes, mais dont les traitements et la prise en charge différent profondément. L’enjeu est donc de taille puisque « 1 patient sur 2, atteint de troubles bipolaires, fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décèderont par suicide », comme le rappellent les deux sociétés.
Le réseau de laboratoires d’analyses Synlab proposera donc, dès le mois d’avril, cet outil d’aide au diagnostic aux patients adultes pris en charge pour un épisode dépressif caractérisé modéré à sévère. Prescrit par un psychiatre, sa réalisation requerra également une fiche de renseignements cliniques du patient ainsi qu’un consentement de sa part. Le résultat du test lui sera transmis à la suite d’une consultation permettant de confirmer la maladie.
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