Au 2e trimestre 2020, l’économie française a connu un nombre de défaillances d’entreprises historiquement bas, d’après le baromètre de la société Altarès. Dans la construction, elles reculent de 60 %.
Camaïeu, Celio, La Halle… les annonces d’entreprises placées en redressement judiciaire ont fait les gros titres de la presse économique ces dernières semaines. Et pourtant, alors que la France s’installe dans la récession, le nombre de procédures enregistrées n’a jamais été aussi bas depuis 30 ans. C’est ce que révèle le dernier baromètre du cabinet Altarès qui mesure chaque trimestre les défaillances et procédures de sauvegarde des entreprises françaises. Quelque 5 766 procédures collectives ont été ouvertes au 2e trimestre 2020, en baisse de moitié par rapport à la même période de l’an passé. Au total, sur les 6 premiers mois, seules 17 000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective, contre plus de 25 000 au 1er semestre 2019.
Tous les secteurs observent un fort recul, en particulier le BTP. Le nombre d’entreprises de la construction défaillantes a diminué de 60 % au 2e trimestre pour 1 275 procédures ouvertes. Dans le détail, le secteur du gros oeuvre a enregistré 381 défaillances, en chute de 63,3 %, celui du second oeuvre 595 défaillances, en recul de 62,2 %, alors que le repli se limite à 50 % dans les travaux publics pour 66 défaillances.
Les raisons de cette invraisemblable résistance des entreprises françaises est en partie à chercher du côté des mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement face à la crise du Covid-19, tels que le dispositif d’activité partielle et les prêts garantis par l’État. Mais ces statistiques s’expliquent aussi par un coup de frein dans l’enregistrement des procédures. « On a artificiellement évité 10 000 défaillances à mi-année, avec l’activité réduite des tribunaux pendant le confinement et, surtout, avec l’ordonnance prise par le gouvernement permettant de considérer que toute entreprise qui n’était pas en cessation de paiement au 12 mars serait considérée ne pas l’être jusqu’au 23 août. Une partie des entreprises était donc protégée », explique Thierry Millon, responsable des études chez la société Altares. À l’issue de cette période de gel, le cabinet craint une explosion du nombre de faillites, avec plus de 60 000 défaillances qui pourraient survenir entre juin 2020 et juin 2021