Aux Pays-Bas, les leaders de la distribution fragilisés par leurs activités internationales

19 juillet 2003 par
Aux Pays-Bas, les leaders de la distribution fragilisés par leurs activités internationales
Les Echos Etudes

À l’instar de l’Allemagne, les distributeurs néerlandais ont dû composer en 2002 avec une conjoncture plus défavorable que celle des pays d’Europe du Sud. Cette atonie devrait se prolonger en 2003 (fin 2003, l’office nationale néerlandais de la prévision prévoyait une croissance nulle de la consommation privée en 2003) et la reprise aux Pays-Bas, comme en Allemagne, pourrait maquer un temps de retard sur la France et certains pays d’Europe du Sud (Espagne). La domination des supermarchés traditionnels s’effrite face à la montée en puissance du hard-discount : 
La grande distribution néerlandaise se caractérise par l’absence d’hypermarché. En raison d’un territoire exigu et d’une forte urbanisation des populations, les supermarchés de proximité demeurent le format de référence. Caractérisés par un assortiment limité en produits non alimentaires et une taille moyenne très réduite (autour de 700 mètres carrés), la tendance actuelle est néanmoins à la modernisation et à l’agrandissement de ces supermarchés : les magasins qui ouvrent présentent désormais une surface comprise entre 2 000 et 3 000 mètres carrés. Pour autant, le pays ne semble pas offrir de perspective de développement pour les hypers à moyen terme
(seul Schuitema dispose encore de trois hypermarchés, les autres enseignes s’étant retirées de ce format). En revanche, la stagnation des dépenses des ménages en 2002 (couplée à une hausse de la TVA en 2001) ainsi que le dynamisme des formats de proximité et des assortiments à dominante alimentaire favorisent la progression
des hard-discounters. Les enseignes allemandes progressent plus vite que leurs concurrents : Aldi concentre plus de 7 % des ventes de la distribution et Lidl (1 % de part de marché début 2002) a vu sa part progresser suite à l’acquisition de certains magasins Basismarkt (groupe Laurus). Toutefois, le marché reste largement dominé par les supermarchés traditionnels comme Ahold (42,5 % de parts de marché) et Laurus (21,9 %). Cette domination ne doit pas cacher les difficultés financières rencontrées par les deux leaders néerlandais et qui devraient conduire à une modification du paysage de la distribution à moyen terme. Fortement internationalisé et implanté aux États-Unis (cinquième distributeur), Ahold a particulièrement souffert du ralentissement de la consommation américaine. Après avoir dissimulé une perte de 800 MEUR sur ce marché, le géant néerlandais s’est vu sévèrement sanctionné en Bourse et a dû réviser à la baisse les comptes de ses trois derniers exercices. Au vue de la perte nette de 1,2 milliard d’euros enregistrée en 2002 et des 11,5 milliards d’euros de dettes, le groupe devra opérer des cessions  importantes afin de renforcer sa structure financière, vraisemblablement en Amérique latine (retrait probable de la zone) ainsi qu’en Europe (pertes importantes en Espagne, actifs non stratégiques aux Pays-Bas. La parapharmacie Etos, magasins de spiritueux Gall & Gall). La question de la cession de US Foodservice (activités américaines de restauration) reste également posée, sa situation financière dégradée ne permettant toutefois pas de cession à court terme dans de bonnes conditions. Confronté à une expansion internationale mal maîtrisée et à l’échec de la restructuration entamée en 2000, le groupe Laurus a été contraint de modifier son plan initial afin de faire face à un endettement de 723 MEUR en 2001. Une dette qui n’a pas empêché le français Casino d’entrer dans le capital de Laurus à hauteur de 38,6 % (avec une option d’achat lui permettant de monter à hauteur de 51 % d’ici 2008).

Aux Pays-Bas, les leaders de la distribution fragilisés par leurs activités internationales
Les Echos Etudes 19 juillet 2003
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