Après le transport maritime, Amazon investit dans le transport aérien pour capter la quasi-intégralité de la valeur générée par son site de commerce en ligne.
En annonçant, le 9 mars dernier, le rapprochement d’Amazon et du loueur américain d’avions Air Transport Services Group (ATSG), Jeff Bezos, le président et fondateur du site de commerce a fait un pas de plus dans le secteur du transport. Cette fois-ci, il s’attaque frontalement à UPS, FedEx et DHL, les grands transporteurs américains. Concrètement, le géant du commerce en ligne louera 20 avions cargo Boeing 767 pour une durée de cinq à sept ans et compte acquérir 19,9 % du capital d’ATSG. La plate-forme Internet avait déjà mis un pied dans le transport maritime, en enregistrant en novembre dernier sa filiale chinoise comme transitaire maritime. Elle semble donc amorcer une nouvelle stratégie.
Le modèle économique de base d’Amazon permet à ses clients d’acheter des produits qui leurs sont livrés, la plupart du temps gratuitement. Pour réaliser la prestation, deux types de transporteurs interviennent. Le premier se situe en amont de la chaîne de création de valeur et permet d’acheminer les produits, en gros, jusqu’à d’immenses entrepôts très automatisés. Le second type d’acteur réalise le transport des produits des entrepôts jusqu’au client final. Les transporteurs facturent donc leurs prestations au géant du commerce en ligne. Ainsi, une partie des marges commerciales réalisées par le site Internet est captée par les transporteurs en gros et une autre par les transporteurs du dernier kilomètre.
Aujourd’hui, en s’attaquant au fret aérien et au transport maritime, Amazon internalise une partie de l’amont de sa chaîne de création de valeur. Dans le même temps, le géant américain investit massivement dans le transport du dernier kilomètre, en rachetant en France le groupe Colis Privé par exemple. La logique est imparable : l’explosion du commerce en ligne accroît considérablement la demande et donc les revenus des transporteurs qui acheminent les produits. En internalisant le transport en amont et en aval de son business model historique, le groupe de Jeff Bezos cherche à prendre une plus grosse part du gâteau qu’il a lui-même cuisiné.