Crédit photo : MIDIPILE
Quel est votre parcours ?
Quel est votre parcours ?
Benoît Trouvé : je suis issu d’une famille d’ingénieurs passionnés d’automobile. Un de mes aïeux, Gustave Trouvé, a même conçu à Paris, en 1881, le premier véhicule propulsé par un moteur électrique, un tricycle à pédales. Un précédent que je découvre durant la phase de création de Midipile et qui résonne avec mon choix d’être ingénieur. Une période de formation au cours de laquelle j’ai développé, dans le cadre du Shell Eco Marathon, un prototype ultra léger avec lequel nous avons réalisé la performance de parcourir 2 221 km avec un litre d’essence. Un excellent exercice pour apprendre à produire un véhicule de bout en bout ! Ensuite, j’ai suivi une formation d’ingénieur motoriste à l’IFP, puis j’ai intégré une équipe de mise au point des premiers moteurs hybrides diesels chez PSA. J’y ai passé 7 années passionnantes d’un point de vue technique, mais aussi très frustrantes tant la conception de ces SUV diesels imposants et voraces me semblait décalée face à la sobriété énergétique que nous imposait déjà la transition écologique. À ce moment-là de ma vie, j’ai eu besoin de prendre un peu de distance pour réfléchir à mon avenir. J’ai voyagé pendant 3 ans, en vélo et en bateau à voile, à travers notre planète. Et je suis revenu avec l’envie viscérale de créer une alternative à la mobilité carbonée, car je me suis rendu compte que l’on pouvait aller de l’autre côté de la Terre à la force des jambes et que ce mode de déplacement était infiniment plus responsable. Cela m’a conduit, en 2020, à créer Midipile.
Qu’est-ce que Midipile ?
B. T. : Midipile, c’est à la fois un véhicule, un business model et une démarche industrielle au service des professionnels du secteur de la logistique urbaine. Dans un monde où, d’ordinaire, les uns fabriquent, les autres vendent et les troisièmes opèrent, nous, nous avons fait le choix de la verticalité. Nous allons de la production du véhicule à sa mise à disposition en passant par son adaptation aux besoins du client et par son entretien. Concrètement, notre solution comprend un logiciel de gestion de flotte et d’optimisation des performances du véhicule, un quadricycle à pédales solaire et électrique, sa maintenance et son assurance.
À quoi ressemble votre véhicule ?
B. T. : c’est avant tout un micro-utilitaire urbain. Et c’est aussi un véhicule à pédales doté d’une assistance électrique. Il a 4 roues et offre un habitacle fermé. Il est donc beaucoup plus confortable et sécurisé qu’un tricycle ou qu’un vélo-cargo. Il permet de s’intégrer sereinement dans le trafic urbain. Il est proposé en 4 déclinaisons : pickup, palette, caisse fermée ou en version 2 places. Nos clients ont la possibilité de changer de version lorsque leur activité évolue. Il est doté d’une assistance électrique de 6 kWh plafonnée à 45 km/h. À titre de comparaison, c’est 24 fois la puissance de l’assistance d’un vélo électrique classique. Cela lui permet d’embarquer jusqu’à 300 kg de charge utile et de grimper les côtes les plus rudes sans que le conducteur n’ait besoin de fournir un effort particulier au pédalage, sauf s’il le souhaite, l’assistance étant modulable. Nous avons également souhaité qu’il soit désirable, c’est pour cela que nous l’avons doté d’une petite bouille sympa !
Fonctionne-t-il avec des batteries rechargeables ?
B. T. : oui, des batteries qu’il est possible de recharger sur secteur, mais également grâce aux panneaux solaires installés sur le toit et le capot et à un électro-générateur qui récupère l’énergie lors du freinage. Ces différentes sources d’énergie viennent accroître l’autonomie du véhicule. Pour ne pas perdre de temps lors des recharges, les utilisateurs peuvent aussi, en quelques minutes, remplacer les batteries vides par des batteries chargées.
Quel est votre modèle économique ?
B. T. : nous avons deux modèles économiques. Le premier est un modèle classique de vente directe de véhicule avec des niveaux de garantie assez élevés pour rassurer nos clients. Le second modèle, dans lequel nous souhaitons vraiment investir, est celui de la souscription mensuelle. Cette durée nous permet de proposer une très grande agilité servicielle et donc la possibilité d’adapter, plus de 10 fois par an, notre offre aux besoins de notre client. Il n’est plus à prouver qu’il existe une véritable demande pour ce type de services dans le marché BtoB de la logistique urbaine. Actuellement, nous testons cette offre auprès d’une vingtaine de clients, principalement des commerçants, artisans et collectivités. Cela va nous permettre, tout au long de l’année 2024, de calibrer notre prestation, notamment sur le niveau de maintenance proposée et les conditions tarifaires contractuelles. À terme, nous souhaitons que 90 % de notre activité entrent dans le modèle de la souscription au mois. Les 10 % restants demeurant de la vente pure. Nous revendiquons l’idée de véhicules consignés avec une valeur résiduelle fixée à l’avance à laquelle nous nous engageons à les racheter.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
B. T. : nous avons réalisé plusieurs prototypes qui nous ont permis d’envisager la production d’une première série de 15 véhicules sur 2024, puis 50 en 2025. Nous venons de nous installer dans une chaudronnerie industrielle dont les dirigeants nous épaulent pour ces premières fabrications. Côté humain, nous recrutons ! En un an, notre équipe doit passer de 7 à 20 personnes.
Comment voyez-vous Midipile dans 5 ans ?
B. T. : notre ambition est d’être un acteur de référence sur la mini-mobilité en proposant une solution alternative entre le vélo-cargo et la petite voiture urbaine. Une solution à la fois polyvalente, réparable, modulable, issue de l’industrie circulaire et pensée pour le milieu urbain.
Copyright : Les Echos Publishing
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